La neige bleue by La neige bleue

Auteur:La neige bleue [bleue, La neige]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science Fiction
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1969-08-31T23:00:00+00:00

Eric se réveilla lentement, émergeant des profondeurs d’un sommeil lourd et encore peuplé de quelque angoissant fantasme. Il faisait sombre et il eut du mal, d’abord, à distinguer les détails du lieu où il se trouvait. Puis, ses yeux s’étant habitués peu à peu à l’obscurité, il constata qu’il se trouvait dans une chambre de clinique, apparemment.

Des murs clairs, nets ; une large baie vitrée masquée, pour l’instant, par un rideau polarisant, une armoire encastrée et presque invisible ; le lit enfin. Sur le lit : lui, Lambert, en compagnie d’un appareil étrange qui emprisonnait sa jambe cassée. Eric comprit très vite. Son membre était soumis à l’action d’un accélérateur d’ossification. Normalement, en vingt-quatre heures, il devait pouvoir courir comme un lapin ! Une merveille, cette machine. Le plâtre était depuis longtemps laissé à d’autres emplois. La musculature n’avait pas le temps de s’atrophier, ce qui évitait de pénibles séances de rééducation et faisait gagner un temps précieux.

La première question que se posa Eric resta provisoirement sans réponse :

— Depuis combien de temps suis-je ici ?

La porte de la chambre s’ouvrit en silence. Lambert, à travers ses paupières mi-closes, vit entrer le lieutenant Laurent accompagné d’un inconnu. L’officier s’approcha du lit et murmura :

— Vous dormez ?

Lambert ouvrit un œil.

— Non, répondit-il.

Laurent déclara, un ton plus haut :

— Le commissaire général d’Ardax-Cosmos désire vous interroger.

Eric, complètement éveillé, lucide, réfléchit très vite. Fallait-il répondre au commissaire ? Que fallait-il dire ? Que fallait-il cacher ? Dire la vérité ? Ou lui monter un bateau ? Eric se souvenait, évidemment, du commissaire Larose, de Paris-Cosmos. Et celui-là, n’avait-il pas un rôle quelconque dans l’organisation du trafic ? Il ne serait pas le premier. Dans ce cas, mieux valait se taire. Mais ça risquait de ne pas durer longtemps. Il faudrait parler, un jour ou l’autre, bon gré mal gré. Par contre, si… Mais oui, ça pouvait marcher et laisser une marge de temps pour attaquer. Demander une audience auprès du résident Clayton.

Le commissaire passait à l’interrogatoire en règle :

— Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ?

— Eric Brant, de la Terre.

Le fonctionnaire se gratta l’oreille :

— Avez-vous un moyen de prouver la véracité de ce que vous avancez ? Nous n’avons rien trouvé dans vos affaires.

— Aucun moyen, rétorqua calmement Lambert.

Le commissaire haussa un sourcil et demanda :

— D’où sort l’étrange fusée qui vous a amené jusqu’ici ?

— Désolé, commissaire, mais je ne dirai rien de plus ! Je demande une audience particulière auprès du résident.

Le commissaire ne s’attendait visiblement pas à cela car il sursauta.

— Comment ? Essayeriez-vous de m’impressionner ? Etes-vous si sûr de vous ?

— Je ne veux impressionner personne. C’est un cas normalement prévu par la loi… Dois-je citer l’article du code Interplan ?

Ebranlé malgré lui par la tranquille assurance de Lambert, le fonctionnaire se gratta de nouveau l’oreille.

— Bien, finit-il par dire. J’espère, dans votre intérêt, que vous savez où vous mettez les pieds. Le résident n’aime pas qu’on le dérange pour rien.

Il sortit sans ajouter un mot, le lieutenant Laurent sur les talons.

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